Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/227

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Jamais, c'est que des yeux ne les ont point aimés !

Si pareille beauté s'est pour toujours éteinte,
C'est que deux bras plus forts ne l'avaient pas étreinte !
C'est qu'un amour fervent, aux longues volontés,
N'avait pas repoli ces yeux désenchantés,
Ni rappelé l'instinct dans la fibre dissoute !
Ou bien, c'est qu'ils voulaient mourir, ces yeux, sans doute,
C'est qu'il voulait dormir sous l'herbe, ce beau corps !
Éloquence et prière, impérieux efforts,
Tout se brisa devant son entêté silence.
Rien un instant n'a pu troubler la somnolence
Du funeste brouillard qui submergeait déjà
Ces grands lacs dilatés où mon malheur plongea.
Elle entendait pourtant. De ses lèvres hautaines,
Par trois fois, à la fin, deux syllabes lointaines
Vinrent frapper en moi, tranchantes comme un fer.
Le mot que vont hurlant les damnés dans l'enfer :
Jamais ! Jamais ! Jamais ! Par trois fois dans mon âme
J'en ai senti le coup qui glaçait toute flamme.
Et la nuit, d'heure en heure, opprimait son beau sein ;
Et plus terrifié qu'un nocturne assassin,
Plus muet que son père au désespoir stérile,
Jusqu'au jour, avec lui, sur son sommeil fébrile
Je veillai, dans mes poings pressant ses doigts roidis.
Et la lampe trembla sous l'aube ; et j'entendis
Dans le jardin chanter les oiseaux sur les branches.
La croisée allongea vers nous ses lignes blanches ;
Alors un long soupir nous prévint d'un réveil ;
Et, comme en saluant l'approche du soleil,