Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/24

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C'était le soir, à l'heure où, s'étirant les bras,
Le laboureur se dit : « Ma journée est finie ! »
Une ombre sur les champs roulait son harmonie.
Les chansons se mêlaient aux jurements ingrats.

L'hirondelle penchée effleurait l'herbe grise ;
La cigale dormait dans les blés mûrissants,
Et, le long des chemins aux nocturnes passants,
Les peupliers rangés chuchotaient dans la brise.

Assis dans un sentier, je regardais le ciel
S'étoiler, ou vers lui les vapeurs de la plaine
Avec les bruits confus dont la terre était pleine
Monter comme un encens sur un immense autel.

Je pensais : « La nuit vient ; tout va bientôt se taire ;
C'est l'instant de l'amour, et Vénus a brillé. »
Et je laissais s'ouvrir mon être émerveillé,
Tandis qu'au loin cornait un pâtre solitaire.