Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/49

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« Samhisis ? cria-t-il ; n'est-elle plus ici ?
Vous vous taise ! Parlez ! Dites-moi qu'elle est morte,
Plutôt que pour un autre elle ait franchi la porte !
Je saurais me venger. - Hélas ! dit Souré-Ha,
Dont le si pur visage à sa voix s'empourpra ;
Rhamsès est plus qu'un homme, et loin de tous il siège ;
Et ses aïeux divins le gardent de tout piège !
– Voilà donc le bonheur qu'elle préfère ! Hé quoi !
Tous mes serments n'étaient, pour la fille sans foi,
Qu'un vain jeu, qu'un mensonge ! Au long récit des rêves
Que je faisais pour nous, en ces heures trop brèves,
A genoux à ses pieds, et les yeux dans ses yeux,
Peut-être songeait-elle à ce sort glorieux !
O honte ! Elle accepta pour elle un rang infâme !
C'est le fouet de l'eunuque insolent et sans âme
Qu'elle couru chercher sans horreur, sans regret
Pour le crédule amant qui vers elle accourait !
– Peut-être existe-t-il quelqu'une plus fidèle,
Dont l'amour deviné vous consoleait d'elle. »
Et pourpre, elle n'osa lui dire un mot de plus.
Le jeune homme, la voix et les traits résolus :
« Souré-Ha ! Je ne sais si les autres oublient ;
J'ignore si les cœurs ici-bas se délient ;
Mais moi, je ne veux pas oublier, et je sens
Une soif de vengeance envahir tous mes sens ;
La jalousie étreint et brûle tout mon être ;
Par Typhon ! Souré-Ha, je le saurai peut-être,
Si la mort peut aussi délivrer de l'amour ! »
Et, repassant le seuil, il s'enfuit sans retour.