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Page:Dieu, par Victor Hugo, 1891.djvu/116

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Moi, l’œil fixe suffit tant qu’il n’est pas terni,
Je reste où je suis. Va, monte ! Et prends garde en route
Aux visions qui font qu’on s’égare et qu’on doute.
Tu trouveras peut-être à quelque seuil d’enfers
Des fantômes de feu, de pâles Lucifers,
Punis pour s’être mis au front un peu d’aurore,
Larrons de feu céleste ou d’infernal phosphore,
Noirs dénicheurs de nids d’astres dans les rameaux
D’où tombent les terreurs, les songes et les maux.
Passe, et va devant toi, sois méfiant, et rôde,
Sans croire à la clarté, dans la nuit, cette fraude ;
Ne suis pas ce qu’on voit, ne suis pas ce qui luit.
À force de vouloir aveugler tout, la nuit
Finit par faire éclore une lueur athée ;
Et les flamboiements sont de l’ombre révoltée.
J’en suis moi-même.

Alors le hibou frémissant
Se tourna vers la nuit, cherchant l’énorme absent.
On eût dit que sa tête et ses deux ailes grises
Dans un pesant filet invisible étaient prises ;
Il tremblait, puis restait rêveur comme un vieillard.

Tout à coup il cria dans l’immense brouillard :