Page:Dieu, par Victor Hugo, 1891.djvu/139

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Vulcain, par les Brontès et par les Pyracmons,
Leur fait forger la foudre et le vent en armures ;
Dodone les salue avec de sourds murmures ;
Ils sont grands et sereins, et chacun de leurs pas
Mesure un tiers du ciel dans son vaste compas.
Toute pudeur sur tiers à leur souffle se fane ;
Jupiter est tyran, Cypris est courtisane ;
Phoebus est assassin ; Pallas tue ; et Junon
A le meurtre au regard fixe pour compagnon ;
Éole fou vomit la pluie échevelée ;
Neptune est la tempête et Mars est la mêlée ;
Saturne abat la vie avec sa large faulx ;
Parmi les dieux méchants Mercure est le dieu faux ;
Le serpent le soupçonne et le renard le flaire ;
.En haut, l’horrible Amour ; pire que la colère,
Règne, et perçant les cœurs de flèches, diaprant
La terre de rosiers et de tombeaux, il prend
L’univers par les dieux et les dieux par la femme ;
Telle est l’orgie ; et l’œil va, dans ce monde infâme,
De la substance énorme à l’esprit odieux.
Les fléaux sont titans et les vices sont dieux.

On entend les dieux rire ; on voit leurs vagues trônes
Resplendir-au-dessus des monts Acrocéraunes,
La vie est autour d’eux un sourd frémissement ;
La prière à leurs pieds boîte ; l’oracle ment ;

La moitié de la-terre est un marais qui trempe
Dans le chaos, cloaque où l’être informe rampe ;
Et le ciel est trop bas pour qu’Othryx le géant
Se puisse à son réveil mettre sur son, séant.