Page:Dieu, par Victor Hugo, 1891.djvu/43

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Laide, d’être méchante, et, belle, d’être infâme ; Passant l’épice au juge, au marchand le faux poids ; Habile ; à Notre-Dame accouplant Quincampoix ; Sévère seulement aux têtes raisonnantes, Tuant un peu Ramus, biffant l’édit de Nantes, Mais qui, pourvu qu’on soit, dans les grands jours, pilier À l’église, et qu’on soit cousin d’un marguillier, Et qu’on veuille que Rome en tout règne et s’accroisse, Et qu’on rende le pain bénit à sa paroisse, Vous prend en amitié, vous soutient chaudement, Vous épouse, travaille à votre avancement, Parle à son excellence et vous pousse, et procure Un grade aux fils aînés, aux cadets une cure, En attendant la mitre ou les canonicats ; Dieu facile, logeable, aimable, utile en-cas Qui se contente, ayant d’indulgence boutique, D’un peu d’hypocrisie et d’un peu de pratique ; Dogme et religion des dévôts positifs Qui font de temps en temps des voyages furtifs, Courts, dans l’éternité, l’abîme, le mystère, Et l’insondable, avec ce Dieu pour pied-à-terre ? Est-ce du Dieu guerrier, militaire, sanglant, Qui s’inquiète peu que vous mangiez du gland Ou du pain, mais qui veut pour rites et pour cultes Glaives, piques, corbeaux, scorpions, catapultes, Grappin horrible où pend un vaisseau tout entier, Tortue avec sa claie enduite de mortier, Béliers fixes, heurtant les murs comme des proues, Telenos enlevant des soldats, tours à roues Recouvertes de mousse et de crin de cheval ;