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Page:Dieu, par Victor Hugo, 1891.djvu/52

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Des laves sous l’écorce affreuse des basaltes ; Le vent chantait pour eux un sublime paean ; Ils observaient l’hiver, l’Ouragan, l’océan, L’avalanche, l’écueil, les grêles épaissies, Les vagues, effarés de ces épilepsies ; Et, pensifs ; saisissant, jusqu’aux plus hauts zéniths, Les intersections de tous les infinis, L’endroit où le bien nuit, l’endroit où le mal aine, Ils tâchaient de trouver le point fatal, suprême, Terrible, surprenant, caché sous le linceul, Sombre, où tous les secrets se fondent en un seul ! Dans les grottes de l’Inde ou dans les rocs d’Eubée, Lieux où l’on croit toujours être à la nuit tombée, À Cartlane où la fleur mandragore chanta, À Delphe, à Summum, dans l’île Éléphanta, Ou dans la Bactriane ou dans la Sogdiane, Ou dans les monts qu’emplit la sinistre Diane, Dans les déserts où l’être a l’air de se mouvoir En dégageant un sombre et lugubre pouvoir, Les pâtres rencontraient un homme dont la face Semblait une lueur étrange de l’espace, Dont la bouche parlait, et dont l’égarement Ramenait tout à lui comme un farouche aimant ; Le loup craignait cet homme, et les brutes fuyantes S’en allaient de son ombre encor plus effrayantes ; Et toute chose douce à ses pieds triomphait, L’agneau, l’aube ; et c’était le poète en effet. Et de quoi vivait-il ? Nul ne le sait. Son âme Aspirait l’inconnu comme un puissant dictame ;