Page:Dieu, par Victor Hugo, 1891.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Terrible, que construit et détruit l’élément, Semble un coffre de pierre immense renfermant Les archives d’une âpre et sombre catastrophe, Et tout un monde mort ployé comme une étoffe, Avec ses fleurs, ses champs, ses rocs boisés ou nus, Et ses fourmillements de monstres inconnus. Dans des millions d’ans, ses pierres ruinées, Ses moellons croulants seront les Pyrénées.

En attendant, vois : large, auguste, encombrant l’air, Il est encor tout neuf, comme bâti d’hier ; Rien n’ébrèche sa ligne entière et régulière ; Et son sommet correct semble une seule pierre Plate comme le toit d’un palais d’orient ; Le matin et le soir, en se contrariant, Font de cette muraille épouvantable et sombre Tantôt un banc d’aurore et tantôt un bloc d’ombre.

Et fais attention à présent : — l’air s’émeut ; Voici que sur le haut, du mur géant, il pleut. La pluie erre et s’en va, par le vent emportée ; Mais une goutte d’eau sur le faîte est restée. Le lendemain, la brume, humide et blanc rideau, Revient ; il pleut encore ; une autre goutte d’eau S’ajoute à la première ; et ; sous cette :rosée, Une vasque s’ébauche, et la pierre est creusée.