Page:Dieulafoy - La Perse, la Chaldée et la Susiane.djvu/115

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porteurs d’eau de se reposer et de décharger les lourdes cruches de terre qui viennent d’être péniblement montées. Souvent, au-dessus de l’ouverture de l’escalier, une inscription en mosaïque donne la date de l’érection de l’abambar et le nom du généreux fondateur de l’édifice.

La ville est bâtie sur un emplacement très plat : aussi bien est-il difficile d’apprécier tout d’abord son importance, les maisons, d’égale hauteur, se projetant les unes sur les autres. A en juger d’après le grand nombre de cavaliers qui circulent sur la route, Kazbin doit être une grande cité. Au milieu des caravanes d’ânes, de chevaux, de mulets et de chameaux se mêlent des chasseurs élégamment vêtus, montés sur de beaux chevaux turcomans harnachés avec des brides et des colliers recouverts de plaques d’argent ou d’or ciselées et entremêlées de turquoises et de rubis. Ils portent martialement sur 1 épaule de belles carabines anglaises ; de leur ceinture sortent les crosses d’énormes pistolets, tandis que sur la jambe gauche s’appuient des camas (poignards de soixante centimètres de longueur) enfermés dans des gaines de métal ou de velours.


Abambar (réservoir) de Kazbin


On retrouve en eux les descendants de cette fière population, composée d’Illiats, de Turcs et de Kurdes, qui en 1723 repoussa l’armée afghane maîtresse de la Perse depuis sept ans, et détermina par ce fait d’armes le réveil de l’esprit national et l’expulsion des envahisseurs. Les Kazbiniens sont considérés à juste titre comme les soldats les plus braves de l’armée persane. Ils ont conscience de leur va leur et accablent de quolibets leurs compatriotes au « cœur étroit ».

« Sous le règne de Mohammed chah, me dit le hadji, mon cicérone officieux, une révolté