Page:Dieulafoy - La Perse, la Chaldée et la Susiane.djvu/178

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robe et coiffés du turban blanc des membres du clergé national. Chacun de ces singuliers automédons, armé d’une longue lanière de cuir tressé, mène au galop la paire de chevaux confiée à ses soins.

Se représente-t-on sérieusement l’archevêque de Paris se servant, en guise de postillons, des respectables chanoines de Notre-Dame ?

Après nous être rendus à la jolie maison moitié persane moitié européenne du docteur Tholozan, où nous attendent un carrosse et une nombreuse troupe de cavaliers chargés de nous escorter, nous prenons la direction du palais du prince royal, situé, comme celui du chah, dans l’enceinte de l’Arc.

Je traverse d’abord plusieurs salles encombrées de domestiques paresseusement accroupis

Maison du Docteur Tholozan

sur leurs talons, et je pénètre enfin dans un grand salon meublé à l’européenne. Des serviteurs apportent, selon l’usage, des rafraîchissements et, après quelques minutes d’attente, j’aperçois une troupe de trente ou quarante personnes à la tenue obséquieuse, marchant sur les pas du naïeb saltanè. Le dernier fils du roi, son enfant préféré, était, il y a quelques années, un assez joli garçon, mais aujourd’hui il est envahi par un embonpoint précoce et paraît âgé de quarante ans, bien qu’en réalité il en ait vingt-six. « Les années et la laideur de sa femme, racontent les médisants, l’ont vieilli de bonne heure. »

L’ordre persan enrichi de magnifiques brillants orne le cou du prince ; en guise d’épaulettes il porte des pattes dorées recouvertes de légères guirlandes de feuillage exécutées en diamants.

Arrivons au fait. Le naïeb saltanè, informé de notre prochain départ pour Ispahan, a prié