Page:Dieulafoy - La Perse, la Chaldée et la Susiane.djvu/341

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Tout à côté du Aine khanè débouche le pont Hassan Beg. Il est moins long que le pont Allah Verdi Klian, mais digne cependant d’une étude attentive. Cette construction, traitée avec un soin et un luxe particuliers, sert tout à la fois de pont et de barrage. Les piles sont établies sur un radier de vingt-six mètres de largeur, destiné à élever les eaux de deux mètres au-dessus de l’étiage ; chacune des arches se compose d’une voùte d’arête surhaussée, soutenue par quatre massifs de maçonnerie. Il résulte de cette singulière disposition que le spectateur placé sous le pont dans l’axe de la chaussée voit se développer l’ouvrage dans toute sa longueur, semblable à une succession de salles couvertes de coupoles. Toutes les parties inférieures de la construction, telles que le radier, les culées et les piles, ont été exécutées en pierres dures assisées, tandis que les arches et les tympans sont en belle maçonnerie de briques revêtue de mosaïques de faïences polychromes.

La chaussée du pont Hassan Beg est comprise entre deux galeries réservées aux piétons. Au centre de ces galeries s’élèvent des pavillons octogonaux en saillie sur le nu de l’ouvrage. Ils comprennent plusieurs étages, divisés en chambres mises gratuitement à la disposition des voyageurs, les inscriptions sans intérêt couvrent la majeure partie des murs, blanchis à la chaux. Parmi elles s’est pourtant égarée une pensée pleine de philosophie et d’à-propos.

«  Le monde est un vrai pont, achevé de le passer, mesure, pèse tout ce qui se trouve sur ta route : le mal partout environne le bien et le surpasse. »

Si le point de vue dont on jouit du pavillon greffé sur le pont Hassan Beg n’est pas de nature il ravir les yeux, il est susceptible de les intéresser. Au dessous du barrage, le lit desséché du