Page:Dieulafoy - La Perse, la Chaldée et la Susiane.djvu/357

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laissent à peine quelques instants de repos. Les étapes ont une durée de huit a neuf heures ; la température, glaciale pendant la nuit, s’élève à tel point au milieu du jour, que nous passons le temps réservé au sommeil à nous éventer et à chasser les mouches, très piquantes et assez agiles pour échapper à toute vengeance. Quelle plaisante invention que la statistique ! Toutes les vingt-quatre heures nous passons sans transition de la température du Pôle à celle de l’Equateur, et, grâce à la science des moyennes, nous sommes sensés vivre sous un climat tempéré !

La plaine de Koumicheh se présente au voyageur qui vient par la route d’Ispahan sous un aspect des plus pittoresques. Une large vallée toute verdoyante, semée de villages, de jardins

VUE DE KOUMICHEH.

et d’une multitude de pigeonniers encore plus élevés que ceux d’tspahan, mais construits cependant avec moins d’élégance, s’étend sur la gauche ; il droite j’aperçois le dôme émaillé d’un édifice religieux, bien proche parent des mosquées construites sous chah Abbas. Quant à la ville, elle est sans intérêt. L’arrivée de la caravane donne pourtant aux bazars, d’ailleurs bien fournis, un surcroît d’activité.

23 septembre. — Dès notre sortie de Koumicheh j’ai été saisie d’un malaise indéfinissable : je frissonnais et j’éprouvais en même temps une lassitude extrême. Après avoir mis pied à terre et tenté de me réchauffer en marchant, j’ai dù remonter à cheval, mes jambes se refusant absolument à porter leur propriétaire. Cet étrange état, que j’attribue au froid de la nuit, s’est dissipé au jour, mais a laissé mon pauvre corps si courbatu, qu’en arrivant au caravansérail de Maksoudbey je n’ai pas eu le courage de faire un mouvement.