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CAIIAVAM.CIIARGtE I) K POISSONS l’E TOISIK.(VoyfZ p. &8 ; 1.)


CHAPITRE XXXIII


Les Turcs. — Les causes de leur dégénérescence physique et morale. — Procédés administratifs des fonctionnaires turcs. — Le tramway de Kàzhemeine. — Le tombeau de l’imam Mouca. — Un voyageur que son bagage n’embarrasse guère.

18 décembre.

Pendant mon séjour en Perse je n’ai cessé de maugréer conire l’administration et les mœurs locales, tout en reconnaissant d’ailleurs la haute portée intellectuelle et le génie artistique des Iraniens. « 

Allah, en créant les Osmanlis, a voulu me faire regretter les Persans)), me disait hier Marcel : «  depuis le jour où j’ai mis le pied

en Turquie, il me semble que j’aie été transporté du paradis en enfer ». Et pourtant les

habiles politiques de l’Europe se sont bercés de l’idée qu’en imposant nos institutions aux Orientaux on leur inculquerait en même temps notre civilisation. Il ne me reste plus d’illusion à ce sujet ; les machines administratives de l’Occident sont bien trop compliquées pour qu’on puisse en isoler quelques rouages et les confier à des mains inexpérimentées. Ce n’est pas en s’efforçant de calquer, en tout ou en partie, les coutumes européennes, que les peuples musulmans progresseront, mais en suivant l’esprit de perfectionnement et les méthodes politiques caractéristiques des grandes nations de l’Orient. Combien je préfère à la Turquie de la réforme la vieille Perse avec ses satrapes et sa féodalité ! Tandis que l’autorité du sultan est méconnue et bafouée ; tandis que les procureurs généraux, leurs substituts et leurs zaptiés (gendarmes) sont impuissants à protéger la vie et les biens des étrangers, l’existence et la fortune des plus fidèles rayas : la Perse, avec ses institutions immuables, reste attachée