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VILLAGE DE KONAH.(Voyez p. 672.)

CHAPITRE XL


Le site de Djoundi-Chapour. — Le village de Konah. — Panorama de Chouster. — Aspect intérieur de la cité. Misère de la population. — Le gouverneur de l’Arabistan et son armée.

17 janvier. —

De la pluie, toujours la pluie ! D’incessants abats d’eau, à peine coupés de courtes éclaircies, nous ont contraints, il y a deux jours, de revenir de Suse à Dizfoul. La crainte de ne pouvoir, après le déluge hivernal, franchir la rivière de Konah qui arrose la plaine comprise entre Dizfoul et Chouster nous a décidés à repartir aussitôt après notre arrivée. Un coin de ciel s’est montré à travers les nuages plombés au moment où nous franchissions les portes de la ville, mais, liélas ! il n’a point tenu ses trompeuses promesses et a bientôt disparu derrière une pluie fine et pénétrante. La majesté de la chaîne au pied de laquelle s’allonge le chemin, la plaine verdoyante. les cimes blanches qui se découvrent entre chaque ondée, me font oublier les heures ; mais il n’en est pas de même de nos gens, peu sensibles aux pleureuses beautés de la nature. Les muletiers pataugent tristement dans la boue liquide, les cavaliers d’escorte se montrent

encore plus mélancoliques et proposent de camper a l’abri d’un buisson. Ces offres ne me tentent guère : le souvenir du hor est encore présent a mon esprit. Lassée cependant des éternelles lamentations de nos serviteurs, je les ai engagés à s’arrêter sous une touffe d’herbe à leur choix ; la ligne du télégraphe nous servira de guide. « 

Vous quitter ! se sont écriés les soldats épouvantés, Allah ne le voudrait pas : nous perdrions nos seuls défenseurs ! »

La singulière escorte ! Tout aussi singulière est la ligne télégraphique. Accroché à des poteaux tordus,

noueux, de hauteur inégale, le fil d’Ariane qui nous indique la direction de Chouster caresse le sol, ou se cache sous les buissons. Parfois les poteaux, renversés sur une longueur assez considérable, laissent des lacunes, préjudiciables, j’imagine, à la bonne transmission des dépêches.

Lorsque le gouvernement anglais obtint, il y a quelques années, l’autorisation d’établir