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PRÉFACE.

dernier miracle, était sœur de Médée et fille d’Hécate, si habile dans les compositions des poisons mortels. « Hécate découvrit ce qu’on appelle l’aconit. Elle expérimentait la puissance de chaque poison en le mélangeant aux aliments qu’elle donnait aux étrangers. » (Liv. IV, chap. 45). Plus tard, Locuste répéta les expériences d’Hécate pour l’instruction de Néron. L’aconit est un genre de plantes comprenant des espèces très vénéneuses. Le traducteur allemand de Diodore, Strοth, ignorait sans doute les propriétés toxiques de cette plante, puisqu’il n’a pas craint de commettre une infidélité en rendant ἀκόνιτον, aconitum, par ciguë.

Il est probable que les anciens soumettaient les différentes parties de la plante à une opération particulière, dans le but d’en concentrer le principe le plus actif. L’opération la plus simple consistait à faire bouillir les tiges, les feuilles et les fleurs, avec de l’eau ou du vin, et à évaporer ensuite la liqueur, de manière à obtenir un extrait aqueux ou alcoolique.

J’incline à penser que c’est sous forme d’extrait que la ciguë, l’aconit et d’autres plantes vénéneuses ont servi à un si grand nombre d’empoisonnements et d’exécutions judiciaires chez les Athéniens et chez les rois de Macédoine. Cette hypothèse semble d’ailleurs très bien s’accorder avec ce que dit Apollonius de Rhodes, d’après lequel « Hécate instruisit Médée dans l’art de préparer (τεχνήσασθαι) les poisons que produisent la terre et l’eau, » c’est-à-dire dans l’art de faire subir un traitement artificiel aux poisons naturels, aux plantes vénéneuses, afin de rendre leur action encore plus énergique. Or, cet art, dans son plus grand état de simplicité, ne pouvait être que la