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DIODORE DE SICILE.

trois sons, l’aigu, le grave et le moyen. L’aigu répond à l’été, le grave à l’hiver, et le moyen au printemps. C’est lui qui apprit aux Grecs l’interprétation des langues ; pour cette raison ils l’ont appelé Hermès (interprète). Il était le scribe sacré (hierogrammate[1]) d’Osiris qui lui communiquait tous ses secrets et faisait un grand cas de ses conseils. C’est enfin lui qui découvrit l’olivier, découverte que les Grecs attribuent à Minerve.

XVII. Bienfaisant et aimant la gloire, Osiris assembla une grande armée dans le dessein de parcourir la terre et d’apprendre aux hommes la culture de la vigne, du froment et de l’orge. Il espérait qu’après avoir tiré les hommes de leur état sauvage et adouci leurs mœurs, il recevrait des honneurs divins en récompense de ses grands bienfaits, ce qui eut lieu en effet. Et non-seulement les contemporains reçurent ces dons avec reconnaissance, mais encore leurs descendants ont honoré comme les plus grands des dieux ceux auxquels ils doivent leur nourriture. Osiris chargea Isis de l’administration générale de ses États, et lui donna pour conseiller Hermès, le plus sage de ses amis, et, pour général de ses troupes, Hercule qui tenait à lui par la naissance, et qui était d’une valeur et d’une force de corps prodigieuses. Il établit Busiris gouverneur de tout le pays qui avoisine la Phénicie. Antée reçut le gouvernement des contrées de l’Éthiopie et de la Libye. Tout étant ainsi disposé, il se mit en marche a la tête de son armée, et emmena avec lui son frère, que les Grecs nomment Apollon. Celui-ci découvrit, dit-on, le laurier, que tous les hommes lui ont consacré ; la découverte du lierre est attribuée à Osiris. Les Égyptiens le consacrent à ce dieu comme les Grecs à Dionysus, et ils l’appellent dans leur langue la plante d’Osiris. Dans les cérémonies sacrées ils préfèrent le lierre à la vigne, parce que la vigne perd ses

  1. Lucien compare les hiérogrammates aux brahmanes chez les Indiens, et aux interprètes des traditions divines chez les Arabes et les Assyriens. Diodore donne plus de détails sur les hiérogrammates (liv. I, chap. 10 et 81). Voy. Élien, Hist. amimal., XI, 10 ; et Eusèbe, Prœp. evangel., IX, 8.