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PRÉFACE.

Ce qui caractérise au plus haut degré les historiens grecs, c’est cette universalité de connaissances qu’on chercherait en vain chez les historiens modernes. Les Grecs avaient conçu l’histoire sur le même plan que leur philosophie : tout devait y entrer. La mythologie, la morale, la législation, la théologie, dans le sens qu’y attachaient les anciens, les lettres, les sciences devaient trouver leur place dans l’histoire universelle dont Diodore a essayé de réaliser l’idée gigantesque. Cette multiplicité de matières est loin d’être un défaut : elle fait le mieux ressortir les conditions dans lesquelles un empire naît, grandit et tombe. Car, il faut bien le reconnaître, l’homme moral, malgré son libre arbitre, se modifie insensiblement en raison des circonstances qui l’entourent, de même que l’homme physique subit l’influence absolue du milieu atmosphérique. Les conditions dans lesquelles l’homme et la société se développent, sont soumises à des lois certaines, et donnent l’explication naturelle de bien des événements.

Les ouvrages historiques des anciens renferment des détails que les historiens de nos jours semblent dédaigner. Les descriptions minutieuses d’un temple, d’une statue, d’un tombeau, d’un vase, d’un alliage précieux, d’une mine en exploitation, etc., paraissent des hors-d’œuvre inutiles. Mais