Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
88
ARISTIPPE.

rant son infortune. D’autres lui font dire : Il vaut mieux que l’argent périsse pour Aristippe, qu’Aristippe pour l’argent. Denys lui ayant demandé quel sujet l’amenait à sa cour : J’y suis venu, répondit-il, pour vous faire part de ce que j’ai, et afin que vous me fassiez part de ce que vous avez et de ce que je n’ai pas. Au lieu de cette réponse, d’autres lui font dire : Autrefois qu’il me fallait de la science, j’allais chez Socrate; à présent que j’ai besoin d’argent, je viens auprès de vous. Il blâmait beaucoup les hommes de ce que, dans les ventes publiques, ils regardaient avec soin les effets qu’ils voulaient acheter, et n’examinaient que superficiellement la conduite de ceux avec qui ils voulaient former des liaisons. D’autres prétendent que cette réflexion est de Diogène. Denys, ayant donné un festin, ordonna que tous les conviés danseraient en robe pourpre. Platon s’en défendit, en disant qu’il ne convenait point à son caractère de prendre un air efféminé. Aristippe, au contraire, se revêtit de cet habillement, et, entrant en dance, dit que jamais la pudeur ne courait risque de se corrompre dans les réjouissances de Bacchus. Il avait un ami en faveur duquel il intercédait auprès du tyran, et comme il ne pouvait obtenir ce qu’il lui demandait, il se jeta à genoux. On lui reprocha cette bassesse, mais il répondit : Ce n’est pas ma faute, c’est celle de Denys, qui a les oreilles aux pieds. Aristippe demeurait en Asie, lorsqu’il fut pris par Artapherne, gouverneur de la province. Quelqu’un lui ayant demandé si, après cette disgrace, il se croyait en sureté : Vous n’y pensez pas, dit-il; je n’eus jamais plus de confiance qu’à présent que je dois parler à Artapherne. Il comparait ceux qui négligeaient de joindre la philosophie à la connaissance des arts libéraux, aux adorateurs de Pénélope, qui espéraient plus de conquérir le cœur de Mélantho, de Polydore et des autres servantes, que d’épouser leur maitresse. On dit qu’il tint un discours pareil à Ariste, en lui disant qu’Ulysse, étant descendu aux en-