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Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/239

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ANTISTHÈNE.

de faire la même chose, et d’imiter une matière inanimée ?

Un jeune homme du Pont lui ayant promis de prendre beaucoup de soin de lui, sitôt qu’il aurait reçu un navire chargé de choses salées qu’il attendait, il prit un sac, et mena le jeune homme avec lui chez une femme qui vendait de la farine ; et lui ayant dit d’en remplir son sac, comme elle lui demandait de l’argent : Ce jeune homme, dit-il, vous en donnera quand son navire chargé de choses salées sera arrivé.

Antisthène passe aussi pour avoir fait bannir Anytus, et condamner Mélitus à mort ; car on dit qu’ayant rencontré des jeunes gens du Pont que la réputation de Socrate avait attirés, il les mena à Anytus, en leur disant qu’il était bien plus réglé dans ses mœurs que Socrate ; ce qui excita tellement l’indignation des assistants, que ce fut la cause du bannissement d’Anytus. Un jour, ayant vu passer une femme qui était fort ornée, il alla sur-le-champ à la maison de cette femme, et ordonna à son mari de produire son cheval et ses armes, lui disant que s’il était pourvu de ce dont il avait besoin pour la guerre, il pouvait permettre à sa femme de donner dans le luxe ; sinon, qu’il devait lui ôter ses ornements.

On lui attribue encore les sentiments suivants. Il croyait que la vertu peut s’enseigner : que les gens vertueux sont en même temps nobles : que la vertu suffit pour rendre heureux, n’ayant besoin d’autre secours que d’une ame telle que celle de Socrate ; que son objet sont les choses mêmes, et qu’elle n’a besoin, ni de beaucoup de paroles, ni d’une grande science : que le sage se suffit d’autant plus à lui-même, qu’il participe à tous les biens que les autres possèdent : que c’est un bien d’être dans l’obscurité, et qu’elle a les mêmes usages que le travail : que le sage ne se règle pas dans la pratique des devoirs civils par les lois établies, mais par la vertu ; qu’il se marie dans la vue d’avoir des enfants, choisissant pour cet effet une femme dont les agréments puissent lui plaire ;