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Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/243

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ANTISTHÈNE.

leurs ? Ceci, dit Diogène en lui montrait le poignard. À quoi il répondit : Je parle de mes douleurs, et non pas de la vie ; de sorte qu’il semble que l’amour de la vie lui ait fait porter sa maladie impatiemment. Voici une épigramme que j’ai faite sur son sujet :

Durant ta vie, Antisthène, tu faisais le devoir d’un chien, et mordais, non des dents, mais par tes discours, qui censuraient le vice. Enfin tu meurs de consomption. Si quelqu’un s’en étonne et demande pourquoi cela arrive : Ne faut-il par quelqu’un qui serve de guide aux enfers ?

Il y a eu trois autres Antisthènes : l’un disciple d’Héraclite ; le second, natif d’Éphèse ; le troisième, de Rhodes : ce dernier était historien.

Après avoir parlé des disciples d’Aristippe et de ceux de Phédon, il est temps de passer aux disciples d’Antisthène, qui sont les cyniques et les stoïciens.


DIOGÈNE.

Diogène, fils d’Icèse, banquier, était de Sinope. Dioclès dit que son père, ayant la banque publique et altérant la monnaie, fut obligé de prendre la fuite ; et Eubulide, dans son livre qu’il a écrit touchant Diogène, rapporte que ce philosophe le fit aussi, et qu’il fut chassé avec son père ; lui-même s’en accuse dans son livre intitulé Pardalis. Quelques uns prétendent qu’ayant été fait maître de la monnaie, il se laissa porter à altérer les espèces par les ouvriers, et vint à Delphes ou à Délos, patrie d’Apollon, qu’il interrogea pour savoir s’il ferait ce qu’on lui conseillait ; et que n’ayant pas compris qu’Apollon, en consentant qu’il changeât la monnaie, avait parlé allégoriquement[1], il corrompit la valeur de l’argent, et qu’ayant été surpris, il fut envoyé en exil.

  1. L’oracle, qu’il reçut, était : Change la monnaie ; expression allégorique qui signifie : Ne suis point la coutume. Ménage.