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Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/277

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MÉTROCLE.

trouvent dans la compagnie des flatteurs ne sont pas moins abandonnés que les veaux parmi les loups, parce-que les uns et les autres, au lieu d’être avec ceux qui leur conviennent, sont environnés de pièges.

À la veille de sa mort, il se chanta à lui-même ces vers : « Tu t’en vas, cher ami, tout courbé ; tu descends aux enfers, voûté de vieillesse. » En effet, il pliait sous le poids des années. Alexandre lui ayant demandé s’il voulait qu’on rétablît sa patrie, il lui répondit : À quoi cela servirait-il, puisqu’un autre Alexandre la détruirait de nouveau ? D’ailleurs le mépris que j’ai pour la gloire, et ma pauvreté, me tiennent lieu de patrie ; ce sont des biens que la fortune ne peut ravir. Il finit par dire : Je suis citoyen de Diogène, qui est au-dessus des traits de l’envie. Ménandre, dans sa pièce des Gémeaux, parle de lui en ces termes : « Tu te promèneras avec moi, couvert d’un manteau, aussi bien que la femme de Cratès le cynique. » Il maria ses filles à ses disciples, et les leur confia d’avance pendant trente jours, pour voir s’ils pourraient vivre avec elles, dit le même auteur.


MÉTROCLE.

Un des disciples de Cratès fut Métrocle, frère d’Hipparchie, mais auparavant disciple de Théophraste le peripatéticien. Il avait la santé si dérangée par les flatuosités continuelles auxquelles il était sujet, que, ne pouvant les retenir pendant les exercices d’étude, il se renferma de désespoir, résolu de se laisser mourir de faim. Cratès le sut : il alla le voir pour le consoler, après avoir mangé exprès des lupins. Il tâcha de lui remettre l’esprit, et lui dit qu’à moins d’une espèce de miracle, il ne pouvait se délivrer d’un accident auquel la nature avait soumis tous les hommes plus ou moins. Enfin ayant lâché lui-même quelques vents, il acheva de le persuader par son exem-