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MÉNÉDÈME.

connaissances nécessaires, tout ce qui regarde la logique et la physique, et de ne s’appliquer qu’à la morale, jusque là que ce que quelques uns attribuent à Socrate, Dioclès le fait dire à Diogène. C’est-à-dire qu’il faut s’étudier à connaître ce qui se passe de bon et de mauvais en nous-mêmes. Us rejettent aussi l’étude des humanités, et Antisthène dit que ceux qui sont parvenus à la sagesse ne s’appliquent point aux lettres, pour n’être point distraits par des choses étrangères. Ils méprisent pareillement la géométrie, la musique et autres sciences semblables, puisque Diogène répondit à quelqu’un qui lui montrait un cadran, que c’était une invention fort utile pour ne pas passer le temps de dîner. Il dit aussi à un autre, qui lui faisait voir de la musique : qu’on gouverne des villes entières par de bonnes maximes, et qu’on ne parviendra jamais à bien conduire une seule maison par la musique.

Les philosophes cyniques établissent pour fin, de vivre selon la vertu, comme dit Antisthène dans Hercule ; en quoi ils pensent comme les stoïciens. En effet, il y a de l’affinité entre ce» deux sectes ; de là vient qu’on a appelé la philosophie cynique « un chemin abrégé pour arriver à la vertu. » Ainsi vécut aussi Zénon le Cittien. Ils observent une grande simplicité de vie, ne prennent de nourriture qu’autant qu’elle est nécessaire, et ne se servent d’autre habillement que du manteau. Ils méprisent la richesse, la gloire et la noblesse. Plusieurs ne se nourrissent que d’herbes, et ils ne boivent absolument que de l’eau froide ; ils n’ont de couvert que celui qu’ils rencontrent, ne fiit-ce qu’un tonneau, à l’imitation de Diogène, qui disait que « comme ce qui distingue principalement « les dieux, c’est qu’ils n’ont besoin de rien ; de même « celui-là leur ressemble le plus qui fait usage de moins « de choses. »

Ils croient, comme dit Antisthène dans Hercule, que la vertu se peut apprendre, et que lorsqu’on l’a acquise, elle ne peut se perdre. Us disent que le sage est digne