Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/305

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
289
ZÉNON.


Au reste elle diffère d’une impression fantastique. Celleci n’est qu’une opinion de l’esprit, comme sont les idées qu’on a dans le sommeil ; au lieu que l’autre est une impression dans l’âme, qui emporte un changement, comme l’établit Chrysippe dans son douzième livre de l’Âme ; car il ne faut point considérer cette impression comme si elle ressemblait à celle que fait un cachet, parcequ’il est impossible qu’il se fasse plusieurs impressions par une même chose sur le même sujet. On entend par imagination celle produite par un objet existant, imprimée et scellée dans l’âme de la manière dont il existe ; or telle n’est pas l’imagination qui naîtrait d’un objet non existant.

Les stoïciens distinguent les impressions de l’imagination en celles qui sont sensibles et celles qui ne le sont point. Les premières nous viennent par le sens commun, ou par les organes particuliers des sens. Les impressions non sensibles de l’imagination sont formées par l’esprit, comme sont les idées des choses incorporelles, et en général de celles dont la perception est l’objet de la raison. Ils ajoutent que les impressions sensibles se font par des objets existants, auxquels l’imagination se soumet et se joint, et qu’il y a aussi des impressions apparentes de l’imagination qui se font de la même manière que celles qui naissent d’objets existants. Ils distinguent aussi ces impressions en raisonnables et non raisonnables, dont les premières sont celles des êtres doués de raison ; les secondes, celles des animaux qui n’en ont point. Celles-là, ils les appellent des pensées, et ne donnent point de nom aux secondes. Ils distinguent encore les impressions de l’imagination en celles qui renferment de l’art et celles où il ne s’en trouve pas, parcequ’une image fait une autre impression sur un artiste que sur un homme qui ne l’est point. La sensation, suivant les stoïciens, est un principe spirituel, qui, tirant son origine de la partie principale de l’ame, atteint jusqu’aux sens. Ils entendent aussi par là les perceptions qui se font par les sens, et la disposi-