Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/324

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
308
ZÉNON.


de l’âme, ni hors d’elle. Les biens de l’âme même sont les vertus et les actions qui leur sont conformes ; ceux hors d’elle sont d’avoir une patrie honnête, un bon ami, et le bonheur que procurent ces avantages ; ceux qui ne sont ni de l’âme même, ni hors d’elle, sont la culture de soi-même, et de faire son propre bonheur. Il en est de même des maux. Les maux de l’âme elle-même sont les vices et les actions vicieuses ; ceux hors d’elle sont d’avoir une mauvaise patrie et un mauvais ami, avec les malheurs attachés à ces désavantages. Les maux qui ne sont ni de l’âme elle-même, ni hors d’elle, sont de se nuire à soi-même et de se rendre malheureux.

On distingue encore les biens en efficients, en biens qui arrivent comme fins[1], et ceux qui sont l’un et l’autre. Avoir un ami et jouir des avantages qu’il procure, c’est un bien efficient ; l’assurance, un bon jugement, la liberté d’esprit, le contentement, la joie, la tranquillité, et tout ce qui entre dans la pratique de la vertu, ce sont les biens qui arrivent comme fins. Il y a aussi des biens qui sont efficients et fins tout à la fois : ils sont efficients, en tant qu’ils effectuent le bonheur’ ; ils sont fins, en tant qu’ils entrent dans la composition du bonheur comme parties. Il en est de même des maux. Les uns ont la qualité de fins, les autres sont efficients, quelques uns sont l’un et l’autre. Un ennemi, et les torts qu’il nous fait, sont des maux efficients ; la stupidité, l’abattement, la servitude d’esprit, et tout ce qui a rapport à une vie vicieuse, sont les maux qu’on considère comme ayant la qualité de fins. Il y en a aussi qui sont en même temps efficients, en tant qu’ils effectuent la misère, et qui ont la qualité de fins, en tant qu’ils entrent dans sa composition comme parties.

On distingue encore les biens de l’âme elle-même en habitudes, en dispositions, et en d’autres qui ne sont ni celles-là ni celles-ci. Les dispositions sont les vertus

  1. C’est-à-dire comme fins de la conduite qu’on tient.