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Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/327

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ZÉNON.


font pas plus de bien que de mal ; ainsi ni la santé ni les richesses ne sont pas un bien. Ils disent encore qu’on ne doit pas appeler bien une chose dont on peut faire un bon et un mauvais usage. Or on peut faire un bon et un mauvais usage de la santé et des richesses ; ainsi, ni l’un ni l’autre ne doivent passer^pour être un bien. Cependant Posidonius les met au nombre des biens. Ils ne regardent pas même la volupté comme un bien, suivant Hécaton dans son dix-neuvième livre des Biens, et Chrysippe dans son livre de la Volupté ; ce qu’ils fondent sur ce qu’il y a des voluptés honteuses, et que rien de ce qui est honteux n’est un bien. Ils font consister l’utilité à régler ses mouvements et ses démarches selon la vertu ; et ce qui est nuisible, à régler ses mouvements et ses démarches selon le vice.

Ils croient que les choses indifférentes sont telles de deux manières. D’abord elles sont indifférentes en tant qu’elles ne font rien au bonheur ni à la misère, telles que les richesses, la santé, la force de corps, la réputation, et autres choses semblables. La raison en est qu’on peut être heureux sans elles, puisque c’est selon la manière dont on en use qu’elles contribuent au bonheur ou à la misère. Les choses indifférentes sont encore telles en tant qu’il y en a qui n’excitent ni le désir ni l’aversion, comme serait d’avoir sur la tête un nombre de cheveux égal ou inégal, et d’étendre le doigt ou de le tenir fermé. C’est en quoi cette dernière sorte d’indifférence est distincte de la première, suivant laquelle il y a des choses indifférentes, qui ne laissent pas d’exciter le penchant ou l’aversion. De là vient qu’on en préfère quelques unes, quoique, par les mêmes raisons, on devrait aussi préférer les autres, ouïes négliger toutes.

Les stoïciens distinguent encore les choses indifférentes en celles qu’on approuve[1] et celles qu’on rejette. Celles

  1. Nous préférons les expressions approuver et rejeter, justifiées par la