naissance avez Zénon, se donna tout entier à la Philosophie, et persévera toujours dnas le même dessein. On a conservé le souvenir du courage avec lequel il supportait la peine, jusque-là que contraitn par la misere de servir pour domestique, il pompait la nuit de l’eau dans les jardins, et s’occupait le jour à l’étude ; ce qui lui attira le surnom de Puiseur d’eau. On raconte aussi qu’appellé en justice pour rendre raison de ce qu’il faisait pour vivre et se porter si bien, il comparut avec le témoignage du jardinier dont il arrosait le jardin, et que l’aiant produit avec le certificat d’une marchande chez laquelle il blutait la farine, il fut renvoyé absous. A cette circonstance on ajoute que les juges de l’aréopage, érpis d’admiration, décreterent qu’il lui serait donné dix mines ; mais que Zénon l’empêcha de les accepter. On dit aussi qu’Antigone lui en donna trois mille, et qu’un jour qu’il conduisait de jeunes gens à quelque spectacle, une bouffée de vent ayant levé son habit, il parut sans veste ; tellement que touchés de son état, les Athéniens, au rapport de Demetrius de Magnésie dans ses Synonimes, lui firent présent d’une veste de couleur de saffran. L’histoire porte qu’Antigona son disciple lui demanda pourquoi il pompait de l’eau, et s’il ne faisait rien de plau, et qu’à cette question Cléanthe répondit : Est-ce que je ne bêche et n’arrose point la terre ? Ne fais-je pas tout au monde par amour pour la philosophie ? Zénon lui-même l’exerçait à ces travaux, et voulait qu’il lui apportât cahque fois un obole de son salaire. En ayant rassemblé une assez grande quantité, il les montra à ses amis, et leur dit : Cléanthe pourrait, s’il le voulait, entretenis un autre Cléanthe, tandis que ceux, qui ont dequoi se nourrir, cherchent à tirer d’autres choses nécessaires à la vie, quoiqu’ils ne s’appliquent que faiblement à la philosophie. De là vient qu’on lui donna le nom de second Hercule. Il avait beaucoup d’inclination pour la science, et peu de capacité d’esprit, à laquelle
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