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Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/363

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CHRYSIPPE.

penser raisonnablement. » Il était fort tranquille lorsqu’il était à boire, excepté qu’il remuait les jambes ; de sorte que sa servante disait qu’il n’y avait que les jambes de Chrysippe qui fussent ivres. Il avait une si haute opinion de lui-même, que quelqu’un lui ayant demandé à qui il confierait son fils, il répondit, « À moi. Car si je savais que quelqu’un me surpassât en science, j’irais dès ce moment étudier sous lui la philosophie. » Aussi lui appliqua-t-on ces paroles : « Celui-là seul a des lumières ; les autres ne font que s’agiter comme des ombres[1]. » On disait aussi de lui que s’il n’y avait point de Chrysippe, il n’y aurait plus d’école au Portique. Enfin Sotion, dans le huitième livre de ses Successions, remarque que lorsqu’Arcésilas et Lacydes vinrent à l’Académie, il se joignit à eux dans l’étude de la philosophie, et que ce fut ce qui lui donna lieu d’écrire contra la coutume et celle qu’il avait suivie dans ses ouvrages, en se servant des arguments des académiciens sur les grandeurs et les quantités[2].

Hermippe dit que Chrysippe, étant occupé dans le collége Odéen, fut appelé par ses disciples pour assister au sacrifice, et qu’ayant bu du vin doux pur, il lui prit un vertige, dont les suites lui causèrent la mort cinq jours après. Il mourut âgé de soixante-treize ans dans la cent quarante-troisième Olympiade, selon Apollodore dans ses Chroniques. Nous lui avons composé cette épigramme.

Alléché par le vin, Chrysippe en boit jusqu’à ce que la tête lui tourne. Il ne soucie plus ni du portique, ni de sa patrie, ni de sa vie ; il abandonne tout pour courir au séjour des morts.

Il y en a qui prétendent qu’il mourut à force d’avoir trop ri : voici à propos de quoi. Ayant vu un âne manger ses figues, il dit à la vieille femme qui demeurait avec

  1. Vers d’Homère sur Tirésias.
  2. C’est-à-dire qu’il combattit ses principes et l’évidence des sens. Kuhnius.