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CHRYSIPPE.

n’avez pas jeté vous l’avez : or vous n’avez pas jeté des cornes ; donc vous avez des cornes. D’autres attribuent cet argument à Eubulide.

Certains auteurs condamnent Chrysippe comme ayant mis au jour plusieurs ouvrages honteux et obscènes. Ils citent celui sur les Anciens Physiciens, où il se trouve une pièce d’environ six cens versets, contenant une fiction sur Jupiter et Junon, mais qui renferme des choses qui ne peuvent sortir que d’une bouche impudique. Ils ajoutent que malgré l’obscénité de cette histoire, il la prôna comme une histoire physique, quoi qu’elle convienne bien moins aux dieux qu’à des lieux de débauche. Aussi ceux, qui ont parlé des Tablettes, n’en ont point fait usage, pas même Polémon, ni Hypsicrate, ni Antigone ; mais c’est une fiction de Chrysippe. Dans son livre de la République, il ne se déclare pas contre les mariages entre père et fille, entre mère et fils ; il ne les approuve pas moins ouvertement dès le commencement de son traité sur les Choses qui ne sont point préférables par elles-mêmes. Dans son troisième livre du Droit, ouvrage d’environ mille versets, il veut qu’on mange les corps morts. On allègue encore contre lui ce qu’il avance dans le deuxième livre de son ouvrage sur les biens et l’abondance, où il examine comment et pourquoi le sage doit chercher son profit : que si c’est pour la vie même, il est indifférent de quelle manière il vive ; que si c’est pour la volupté, il n’importe pas qu’il en jouisse ou non ; que si c’est pour la vertu, elle lui suffit seule pour le rendre heureux. Il traite du dernier ridicule les gains que l’on fait, soit en recevant des présents de la main des princes, parcequ’ils obligent à ramper devant eux, soit en obtenant des bienfaits de ses amis, parce qu’ils changent l’amitié en commerce d’intérêt, soit en recueillant du fruit de la sagesse, parce qu’elle devient mercenaire. Tels sotn les points contre lesquels on se récrie.

Mais comme les ouvrages de Chrysippe sont fort célè-