Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/466

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à tout le monde des marques d’honnêteté et de bienveillance. Sa piété envers les dieux et son amour pour sa patrie ne se démentirent jamais jusqu’à la fin de ses jours. Ce philosophe eut une modestie si extraordinaire, qu’il ne voulut jamais se mêler d’aucune charge de la république.

Il est certain néanmoins que, malgré les troubles qui affligèrent la Grèce, il y passa toute sa vie, excepté deux ou trois voyages qu’il fit sur les confin de l’Ionie pour visiter ses amis, qui s’assemblaient de tous côtés pour venir vivre avec lui dans ce jardin, qu’il avait acheté pour prix de quatre-vingts mines. C’est ce que rapporte Apollodore.

[11] Ce fut là que Dioclès raconte, dans son livre de l’Incursion, qu’ils gardaient une sobriété admirable, et se contentaient d’une nourriture très médiocre.

« Un demi-setier de vin leur suffisait, dit-il, et leur breuvage ordinaire n’était que de l’eau. »

II ajoute qu’Épicure n’approuvait pas la communauté de biens entre ses sectateurs, contre le sentiment de Pythagore, qui voulait que toutes choses fussent communes entre amis, parce que, disait notre philosophe, c’était là plutôt le caractère de la défiance que de l’amitié.

Il écrit lui-même dans ses Épîtres qu’il était content d’avoir de l’eau et du pain bis.

« Envoyez-moi, dit ce philosophe à un de ses amis, un peu de fromage cythridien, afin que je fasse un repas plus excellent lorsque l’envie m’en prendra. »

Voilà quel était celui qui avait la réputation d’établir le souverain bien dans la volupté. Athénée fait son éloge dans l’épigramme suivante :

[12] Mortels, pourquoi courez-vous après tout ce qui fait le sujet de vos peines ? Vous êtes insatiables pour l’acquisition des richesses, vous les recherchez parmi les querelles et les combats, quoique néanmoins la nature les ait bornées, et qu’elle soit contente de peu