Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/515

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XXVI.

Si vous en rejetez quelqu’un, et que vous ne distinguiez pas entre ce que vous croyez avec quelque doute et ce qui est effectivement selon les sens, les mouvements de l’âme et les idées, vous n’aurez aucun caractère de vérité et ne pourrez vous fier aux autres sens.

XXVII.

Si vous admettez comme certain ce qui est douteux, et que vous ne rejetiez pas ce qui est faux, vous serez dans une perpétuelle incertitude.

XXVIII.

Si vous ne rapportez pas tout à la fin de la nature, vos actions contrediront vos raisonnements.

XXIX.

Entre toutes les choses que la sagesse nous donne pour vivre heureusement, il n’y en a point de si considérable que celle d’un véritable ami. C’est un des biens qui nous procure le plus de tranquillité dans la médiocrité.

XXX.

Celui qui est fortement persuadé qu’il n’y a rien dans la vie de plus solide que l’amitié a su l’art d’affermir son esprit contre la crainte que donne la durée ou l’éternité de la douleur.

XXXI.

Il y a deux sortes de voluptés, celles que la nature inspire, et celles qui sont superflues ; il y en a d’autres qui, pour être naturelles, ne sont néanmoins d’aucune utilité ; et il y en a qui ne sont point conformes au penchant naturel que nous avons, et que la nature n’exige en aucune manière ; elles satisfont seulement les chimères que l’opinion se forme.

XXXII.

Lorsque nous n’obtenons point les voluptés naturelles qui n’ôtent pas la douleur, on doit penser qu’elles ne sont pas nécessaires, et corriger l’envie qu’on en peut avoir en considérant la peine qu’elles coûtent à acquérir.

XXXIII.

Si là-dessus on se livre à des désirs violents, cela ne vient pas de la nature de ces plaisirs, mais de la vaine opinion qu’on s’en fait.

XXXIV.

Le droit n’est autre chose que cette utilité qu’on a reconnue d’un