Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/109

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Timon de l’accuser qu’il aimait à attrouper tout ce qui se trouvait de gens pauvres & inutiles dans la ville. Il avoit l’air triste & chagrin, ridait le front, tirait la bouche, & paraissait fort grossier. Il étoit d’une étrange lésine, mais qu’il traitait de bonne économie. Il reprenait les gens d’une manière concise & modérée, en amenant la chose de loin. Par exemple, il dit à un homme, fort affecté, qui passait lentement par-dessus un égout, Il a raison de craindre la boue ; car il n’y a pas moyen de s’y mirer. Un Philosophe Cynique, n’ayant plus d’huile dans sa fiole, vint le prier de lui en donner. Il lui en refusa, & comme il s’en allait, il lui dit de considérer qui des deux étoit le plus effronté. Un jour qu’Il se sentait de la disposition à la volupté, & qu’il étoit assis avec Cléanthe auprès de Chrémonide, il se leva tout à coup. Cléanthe en ayant marqué de la surprise, J’ai appris, dit-il, que les bons Médecins, ne trouvent point de meilleur remède que le repos contre les inflammations. Il étoit couché à un repas au-dessus de deux personnes, dont l’une poussait l’autre du pied. S’en étant aperçu, il se mit aussi à pousser de genou, & dit à celui qui se retourna sur lui : Si cela vous incommode, combien n’incommodez-vous pas votre voisin ? Un homme aimait beaucoup les enfants. Sachez, lui dit Zénon, que les Maîtres, qui sont toujours avec les enfants, n’ont pas plus d’esprit qu’eux. Il disait