Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/344

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sera jamais lui que tu broyeras. Le Tyran, dit-on, commanda qu’on lui copât la langue ; mais il se la coupa lui-même avec les dents & la lui cracha au visage. Voici de notre poésie à son occasion.

Ecrasez, Bourreaux, écrasez ; redoublez vos efforts. Vous ne mettrez en piéces que le sac qui renferme Anaxarque. Pour lui, il est déjà en retraite aurpès du Jupiter. Bientôt il en instruira les Puissances infernales, qui s’écrieront à haute vois : Vas, barbare Exécuteur.

On appelloit ce Philosophe Fortuné, tant à cause de sa fermeté d’ame, que par rapport à sa temperance. Ses repréhensions étoient d’un grand poids, jusque-là qu’il fit revenir Alexandre de la présomption qu’il avoit de se croire un Dieu. Ce Prince saignoit d’un coup qu’il s’étoit donné. Il lui montra du doigt la blessure & lui dit : Ce sang est du sang humain, & non celui qui anime les Dieux.

Néanmoins Plutarque assûre qu’Alexandre lui-même tint ce propos à ses courtisans. Dans un autre tems Anaxarque but avant le Roi, & lui montra la coupe, en disant : Bientôt un des Dieux sera frappé d’une main mortelle.