Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/45

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creux de sa main, il jeta un petit vase qu’il portait pour cela dans sa besace, en disant qu’un enfant le surpassait en simplicité. Il jeta aussi sa cuiller, ayant vu un autre enfant ; qui, après avoir cassé son écuelle, ramassait des lentilles avec un morceau de pain qu’il avoit creusé.

Voici un de ses raisonnements : Toutes choses appartiennent aux Dieux. Les sages sont amis des Dieux. Les amis ont toutes choses communes ; ainsi toutes choses sont pour les sages.Zoïle de Perge rapporte, qu’ayant vu une femme qui se prosternait d’une manière déshonnête devant les Dieux, & voulant la corriger de sa superstition, il s’approcha d’elle & lui dit, Ne crains-tu point, dans cette posture indécente, que Dieu ne soit peut-être derrière toi ; car toutes ces choses sont pleines de sa présence. Il consacra à Esculape un tableau, représentant un homme qui venait frapper des gens qui se prosternoient le visage contre terre[1]. Il avoit coutume de dire, que toutes les imprécations, dont les Poètes font usage dans leurs tragédies, étoient tombées sur lui, puisqu’il n’avoit ni ville, ni maison, & qu’il étoit hors de sa patrie, pauvre, vagabond, & vivant au jour la journée, ajoutant qu’il opposait à la fortune le courage, aux lois la nature, la raison aux passions.Pendant que


  1. On dit que parmi les rites d’adoration étoit celui de se mettre le visage contre terre, en étendant tout le corps. Casaubon.