Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/52

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lui eût fait connaître s’il étoit homme, ou femme. Il vit aussi un jeune homme dans le bain, qui versait du vin d’une fiole dans une coupe, dont l’écoulement rendait un son[1]. Mieux tu réussis, lui dit-il, moins tu fais bien. Étant à un souper, on lui jeta des os comme à un chien : il vengea cette injure, en s’approchant de plus près de ceux qui la lui avoient faite, et en salissant leurs habits. Il appelait les Orateurs et tous ceux qui mettoient de la gloire à bien dire, des gens trois fois hommes ; en prenant cette expression dans le sens de trois fois malheureux. Il disoit qu’un riche ignorant ressemble à une brebis, couverte d’une toison d’or. Ayant remarqué sur la maison d’un gourmand qu’elle étoit à vendre : Je savais bien, dit-il, qu’étant si pleine de crapule, tu ne manquerais pas de vomir ton maître. Un jeune homme se plaignait qu’il étoit obsédé par trop de monde ; Et, toi, lui dit-il, cesses de donner des marques de tes mauvaises inclinations. Étant un jour entré dans un bain fort sale, Où se lavent, dit-il, ceux qui se sont lavés ici ? Tout le monde méprisait un homme qui jouait grossièrement du luth, lui seul lui donnait des louanges ; & comme on lui en demandait la raison, il répondit que c’étoit

  1. Espèce de jeu dont les jeunes gens tiroient un augure sur les succès de leurs inclinations. Aldobrandin et Le Thrésor d’Etienne.