Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

regardât les Généraux d’armée comme n’étant que des conducteurs d’ânes. Il disoit aussi que ceux, qui se trouvent dans la compagnie des flatteurs, ne sont pas moins abandonnés que les veaux parmi les loups, parce que les uns & les autres, au lieu d’être avec ceux qui leur conviennent, sont environnés de pièges.

À la veille de sa mort, il se chanta à lui-même ces vers : Tu t’en vas, cher ami, tout courbé ; tu descends aux Enfers, voûté de vieillesse. En effet il ployait sous le poids des années. Alexandre lui ayant demandé s’il voulait qu’on rétablît sa patrie, il lui répondit : À quoi cela servirait-il, puisqu’un autre Alexandre la détruirait de nouveau ? D’ailleurs le mépris, que j’ai pour la gloire, & ma pauvreté me tiennent lieu de patrie ; ce sont des biens que la fortune ne peut ravir. Il finit par dire, Je suis citoyen de Diogène, qui est au-dessus des traits de l’envie. Ménandre, dans sa pièce des Gémeaux, parle de lui en ces termes : ,, Tu te promèneras avec moi, couvert d’un manteau, aussi-bien que la femme de Cratès le Cynique''. Il maria ses filles à des disciples, & les leur confia d’avance pendant trente jours, pour voir s’ils pourroient vivre avec elle, dit le même Auteur.