Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/219

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art ; aussi disait-il ironiquement de lui que la géométrie lui était tombée dans la bouche pendant qu’il bâillait. Hipponicus étant devenu fou, il le retira chez lui, et le soigna jusqu’à parfaite guérison. À la mort de Cratès il lui succéda dans la direction de son école, à la place d’un certain Socratide qui se démit de cette charge en sa faveur. On dit que, conformément au principe qu’il avait adopté, la suspension du jugement, il n’a rien écrit ; cependant il y en a qui prétendent qu’on le surprit un soir corrigeant un ouvrage, et les uns assurent qu’il le publia, les autres qu’il le jeta au feu.

Il professait une grande admiration pour Platon, dont il s’était procuré les ouvrages. On a aussi prétendu qu’il avait pris Pyrrhon pour modèle ; enfin il était habile dialecticien et versé dans les spéculations des Érétriens ; aussi Ariston disait-il de lui :

Platon par devant, Pyrrhon par derrière, Diodore par le milieu[1] !

Timon dit aussi de lui :

Tantôt il renfermera dans sa poitrine le lourd Ménédème, tantôt l’épais Pyrrhon ou Diodore[2].

Et en terminant il lui fait dire :

Je nagerai vers Pyrrhon et vers le tortueux Diodore.

Il était sententieux, serré, et appuyait sur chaque mot en parlant. On vante aussi son esprit mordant et sa rude franchise ; c’est pourquoi Timon dit encore de lui :

  1. Parodie d’un vers d’Homère, Iliade, XXIV, 181.
  2. Je conserve le texte primitif : Μενεδήμον,… θήσεται ἤ…