Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/228

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biade, il ne l’avait pas voulu, c’était un sot, et que s’il ne l’avait pas eu à sa disposition, il n’avait rien fait d’extraordinaire.

« La route des enfers est facile, disait-il encore, car on y va les yeux fermés. »

Il accusait Alcibiade d’avoir débauché les maris à leurs femmes pendant qu’il était enfant, et jeune homme, les femmes à leurs maris.

Étant à Rhodes et voyant que les Athéniens ne s’y appliquaient qu’à la rhétorique, il se mit à enseigner la philosophie ; comme on lui en demandait la raison, il répondit : « J’ai apporté du froment, irai-je vendre de l’orge ? »

Il disait à propos du supplice des Danaïdes, que le châtiment serait bien plus grand si, au lieu de porter l’eau dans des paniers percés, elles la puisaient dans des vases sans trous.

Un bavard le priait de venir à son aide : « Je ferai ce que tu désires, lui dit-il, si au lieu de me solliciter toi-même, tu m’envoies prier par un autre. »

Une autre fois il se trouvait sur mer en compagnie de quelques misérables ; le vaisseau ayant été pris par des corsaires, ses compagnons s’écrièrent : « Nous sommes perdus, si on nous reconnaît ! — Et moi, dit-il, si on ne nous reconnaît pas. »

Il appelait la présomption l’ennemi du progrès.

Voyant passer un riche fort avare, il dit : « Ce n’est pas lui qui possède son bien ; c’est son bien qui le possède. »

Il disait encore que les avares prenaient soin de leur bien comme s’il leur appartenait, mais qu’ils se gardaient d’y toucher comme s’il n’était pas à eux ; que le courage est le propre de la jeunesse et la prudence l’ornement de la vieillesse ; que la prudence