CHAPITRE II.
Théophraste d’Érèse était fils d’un foulon nommé Mélanta, suivant Athénodore, au huitième livre des Promenades. Il suivit d’abord dans sa patrie les leçons de Leucippe, son concitoyen ; puis il s’attacha à Platon et en dernier lieu à Aristote, auquel il succéda dans la direction de son école, lorsque celui-ci se retira à Chalcis, la cent quatorzième olympiade. Myronianus d’Amastria rapporte, au premier livre des Chapitres historiques semblables, qu’il avait un esclave du nom de Pompylus versé dans la philosophie.
Théophraste joignait à une haute intelligence un grand amour du travail. Il fut le maître du poëte comique Ménandre, au rapport de Pamphilus dans le trente-deuxième livre des Commentaires. On vante aussi son caractère bienveillant et affable. Il fut protégé par Cassandre, et Ptolémée l’invita à se rendre à sa cour. Telle était l’affection des Athéniens pour Théophraste, qu’Agonidès ayant osé l’accuser d’impiété vit presque l’accusation se retourner contre lui. Deux mille disciples accouraient à ses leçons. Voici ce qu’il dit lui-même à propos de son jugement, dans une lettre à Phanias le péripatéticien : « Il n’est pas facile de trouver dans une réunion de tous les citoyens les dispositions qu’on voudrait, pas même dans une assemblée choisie ; cependant les leçons dissipent les préjugés ; car aujourd’hui il n’est plus possible de mépriser tout à fait l’opinion et de n’en tenir aucun