Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/313

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leur vous empêche seule de vous associer à mon genre de vie. »

On lui demandait encore si le sage peut manger des gâteaux. « Il mange de tout, dit-il, comme les autres hommes. »

« Pourquoi, lui disait-on, donne-t-on aux mendiants et non aux philosophes ? — C’est qu’on craint, répondit-il, de devenir boiteux ou aveugle, tandis qu’on sait fort bien qu’on ne sera jamais philosophe. »

Un avare à qui il demandait l’aumône ne se décidant pas, il lui dit : « Je te demande pour mon dîner et non pour mon enterrement. »

Quelqu’un lui reprochait d’avoir fait de la fausse monnaie : « Il y eut un temps, répondit-il, où j’étais tel que tu es à présent ; mais toi, tu ne seras jamais tel que je suis maintenant. » Une autre fois il répondit au même reproche : « Jadis j’urinais sans le vouloir, maintenant cela ne m’arrive plus. »

Passant à Mynde, il remarqua que les portes étaient fort grandes et la ville très-petite : « Habitants de Mynde, s’écria-t-il, fermez vos portes, de peur que votre ville ne s’en aille. »

Voyant un homme surpris à voler de la pourpre, il lui appliqua ce vers :

Surpris par une mort éclatante et par l’irrésistible destinée[1].

Invité par Cratère à venir auprès de lui, il répondit : « J’aime mieux lécher du sel à Athènes que manger à une table somptueuse auprès de Cratère. »

Il accosta un jour le rhéteur Anaximène, qui était fort gros, pour lui dire : « Cède-nous un peu de ton

  1. Homère, V, 83 et XX, 477. Le texte dit : « une mort purpurine. »