Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/319

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Ne rejetons point les dons précieux des dieux[1].

Un homme qui l’avait heurté avec une poutre lui criait : « Gare. » Il le frappa à son tour de son bâton et lui dit ensuite : « Gare. »

Il disait à quelqu’un qui poursuivait d’assiduités une courtisane : « Malheureux ! pourquoi tant d’efforts pour arriver à un but qu’il vaut mieux ne pas atteindre ? »

« Prends garde, dit-il un jour à un homme parfumé, prends garde que la bonne odeur de ta tête ne donne mauvaise odeur à ta vie. »

« Les serviteurs, disait-il, sont esclaves de leurs maîtres, et les gens vicieux de leurs passions. »

Quelqu’un lui demandant d’où venait le nom d’Andrapodes[2] donné aux esclaves, il répondit : « De ce qu’ils ont des pieds d’homme et une âme semblable à la tienne, puisque tu me fais cette question. »

Il demandait une mine à un prodigue : « Pourquoi, lui dit celui-ci, ne demandes-tu qu’une obole aux autres, et à moi une mine ? — C’est que j’espère, dit-il, que les autres me donneront encore ; mais toi, les dieux seuls savent si tu pourras encore me donner. »

On lui reprochait de demander sans cesse, tandis que Platon ne demandait rien. « Lui aussi demande, reprit-il,

Mais à l’oreille, afin que personne n’entende[3]. »

Voyant un archer malhabile, il alla se placer au but en disant : « C’est pour ne pas être atteint. »

  1. Homère, Iliade, III, v. 65.
  2. Pied d’homme.
  3. Homère, Odyss., I, 157.