Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/323

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Il avait la repartie vive, comme le prouvent suffisamment les traits que nous avons cités. Lorsqu’on le mit en vente, il fit preuve d’une noble résignation : il se rendait à Égine, lorsque des pirates, conduits par Scirpalus, le firent prisonnier, le menèrent en Crète et le mirent à l’encan ; interrogé par le héraut sur ce qu’il savait faire, il répondit : « Commander aux hommes, » et lui montrant un Corinthien vêtu avec recherche (c’était Xéniade dont nous avons parlé), il ajouta : « Vends-moi à celui-ci, car il a besoin d’un maître. » Xéniade l’acheta en effet, et le conduisit à Corinthe, où il lui confia l’éducation de ses enfants et la direction de toute sa maison. Il s’acquitta si bien de ces diverses fonctions, que Xéniade disait partout : « Un bon génie est entré dans ma maison. »

Cléomène rapporte dans le livre intitulé Pédagogie que les amis de Diogène voulurent le racheter, mais qu’il les taxa de sottise et leur dit : « Les lions ne sont point esclaves de ceux qui les nourrissent ; les véritables esclaves, ce sont les maîtres des lions ; car le propre de l’esclave est de craindre, et les bêtes sauvages se font craindre de l’homme. »

Il possédait au suprême degré l’art de la persuasion, et il n’y avait personne qui pût résister au charme de sa parole. On rapporte à ce sujet le trait suivant : un certain Onésicrite d’Égine avait envoyé à Athènes le plus jeune de ses deux fils, nommé Androsthène, qui fut séduit par les discours de Diogène, et resta auprès de lui. Le père envoya ensuite l’aîné Philiscus, déjà cité plus haut, et celui-ci s’attacha également à Diogène. Enfin Onésicrite vint lui-même, et se joignit