Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/386

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ces avantages, et selon l’usage qu’on en fait ils sont une source de bonheur ou de malheur. Dans l’autre sens, indifférent se dit de ce qui n’excite ni désir ni aversion, par exemple avoir sur la tête un nombre de cheveux pair ou impair, tenir le doigt étendu ou fermé. Ce n’est pas dans ce dernier sens que les choses dont nous avons parlé précédemment sont dites indifférentes ; car elles excitent désir et aversion ; de là vient que l’on préfère quelques-unes d’entre elles, quoique cependant il y ait les mêmes raisons pour les rechercher ou les éviter toutes.

Dans les choses indifférentes ils distinguent, d’une part, celles qui sont avancées vers le bien ; de l’autre, celles qui en sont écartées. Sont avancées vers le bien celles qui ont une valeur propre ; en sont écartées celles qui n’ont aucun prix. Par valeur, disent-ils, on entend d’abord cette qualité des choses qui fait qu’elles concourent à produire une vie bien réglée ; dans ce sens tout bien a une valeur. On dit encore qu’une chose a de la valeur, lorsque, sous quelque rapport, à titre de moyen, par exemple, elle peut nous aider à vivre conformément à la nature : la richesse et la santé sont dans ce cas. Valeur se dit aussi du prix qu’on donne pour acquérir un objet, de la somme à laquelle le taxe un connaisseur, par exemple lorsque l’on échange une certaine quantité de froment contre une fois et demie autant d’orge. Les choses indifférentes avancées vers le bien sont donc celles qui ont quelque valeur propre : ainsi, relativement à l’âme, le génie, le talent, les progrès ; par rapport au corps, la vie, la santé, la force, une bonne constitution, l’usage de tous les organes, la beauté ; par rapport aux objets extérieurs, la richesse, la gloire, la naissance et les avantages analogues. Les choses indifférentes écartées