Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/418

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le poëte Sosithée ayant en sa présence lancé ce vers sur le théâtre :

Ceux qu’obsède la folie de Cléanthe,
il ne changea ni de visage ni de contenance. Les spectateurs furent tellement charmés de ce calme, qu’ils le couvrirent d’applaudissements et chassèrent Sosithée. Lorsque ce dernier vint ensuite s’excuser de cette insulte, il l’arrêta en disant qu’il serait absurde à lui de garder ressentiment d’une légère injure quand Hercule et Bacchus ne s’irritent point des moqueries des poëtes.

Il disait que les péripatéticiens ressemblaient à des lyres qui rendent des sons harmonieux, mais ne s’entendent pas elles-mêmes. Comme il prétendait, à l’exemple de Zénon, qu’à la mine on peut juger l’homme, de jeunes plaisants lui amenèrent un campagnard fort libertin sous la rude écorce d’un homme des champs, et le prièrent de déclarer quel était son caractère. Cléanthe hésita quelque temps et lui ordonna de se retirer. Le campagnard obéit et se mit à éternuer en partant. « J’y suis maintenant, s’écria le philosophe, c’est un débauché. »

Entendant un homme se parler à lui-même, il lui dit : « Tu parles à quelqu’un qui a du bon. »

On lui reprochait de n’en point finir avec la vie, âgé comme il était. « Et moi aussi, reprit-il, j’ai bien l’intention de partir ; mais quand je songe que je jouis d’une santé parfaite, que j’écris, que je lis, je reste encore. »

On dit que, manquant d’argent pour acheter du papier, il écrivait sur des coquilles d’huître et des omoplates de bœuf ce qu’il entendait dire à Zénon. Tout cela lui valut une telle considération que Zénon le