Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/461

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à Olympie par le rapsode Cléomène, ainsi que l’atteste Phavorinus dans les Commentaires. Aristote dit qu’il était libéral et étranger à tout esprit de domination. Xantus prétend, à l’article Empédocle, qu’il refusa la royauté qu’on lui offrait, et préféra sa condition privée à l’éclat du pouvoir. Timée confirme ce témoignage et donne les raisons de sa popularité. Dans un repas auquel il avait été invité chez un des magistrats, on apporta à boire sans servir le dîner ; personne n’osait se plaindre ; Empédocle impatienté demanda qu’on servît ; mais le maître de la maison répondit qu’on attendait le ministre du sénat. Celui-ci fut à son arrivée nommé roi du festin, grâce à l’intervention de l’hôte, et manifesta assez clairement ses dispositions à la tyrannie, en ordonnant que si les convives ne buvaient pas on leur versât le vin sur la tête. Empédocle ne dit rien pour le moment ; mais le lendemain il cita au tribunal l’hôte et le roi du festin, et les fit tous deux condamner à mort. Tel fut son début dans la carrière politique. Une autre fois le médecin Acron ayant demandé un emplacement au sénat pour y construire un tombeau de famille, sous prétexte qu’il était le plus grand des médecins, Empédocle s’y opposa au nom de l’égalité ; il lui adressa en même temps cette question ironique : « Quel distique y gravera-t-on ? Sera-ce celui-ci :

Le grand médecin Acron, d’Agrigente, issu d’un père non moins grand,
 Repose ici sous un grand tombeau, dans une grande patrie.

Il y a une variante pour le second vers :

Repose ici sous un grand monument, dans un grand tombeau.

D’autres attribuent ces vers à Simonide.