Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/507

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

manière, parce que ses réponses, justement appropriées aux questions, allaient toujours au but. C’est par là qu’il séduisit Nausiphane tout jeune encore. Nausiphane prétendait qu’il fallait suivre Pyrrhon pour le fond mais n’avoir d’autre guide que soi-même pour l’expression. Il racontait aussi qu’Épicure l’interrogeait souvent sur le compte de Pyrrhon, dont il admirait la vie et le caractère. »

Pyrrhon excita à un si haut point l’admiration, que ses concitoyens lui conférèrent les fonctions de grand prêtre et rendirent en sa faveur un décret qui exemptait d’impôts les philosophes. Aussi son système de l’indifférence eut-il de nombreux partisans. Timon a dit de lui à ce sujet, dans le Python et dans les Silles :

Noble vieillard, ô Pyrrhon, comment et par quelle route as-tu pu t’échapper au milieu de cet esclavage des doctrines et des futiles enseignements des sophistes ? Comment as-tu brisé les liens de l’erreur et de la croyance servile ? Tu ne t’épuises pas à scruter la nature de l’air qui enveloppe la Grèce, l’origine et la fin de toutes choses.

Et ailleurs dans les Images :

Ô Pyrrhon, je désire ardemment apprendre de toi comment, encore sur la terre, tu mènes cette vie heureuse et tranquille ; comment seul, parmi les mortels, tu jouis de la félicité des dieux.

Dioclès dit que les Athéniens lui accordèrent ledroit de cité pour avoir tué Cotys de Thrace[1]. Il vivait dans une chaste intimité avec sa sœur qui était sage-femme, suivant Érathostène dans le traité de la Richesse et de la Pauvreté. Il portait lui-même au

  1. Ce n’est pas à Pyrrhon, mais bien à Python, disciple de Platon, que cet honneur fut accordé.