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à tous les animaux, le plaisir et la douleur, l’une naturelle, l’autre contre nature. Ce sont ces affections, disent-ils, qui prononcent sur ce que nous devons rechercher et éviter[1]. Ils distinguent aussi deux sortes de questions : celles qui portent sur les choses mêmes, et celles qui n’ont pour objet que les mots. Telle est, en abrégé, leur doctrine sur la division de la philosophie et le criterium du vrai. Passons maintenant à la première lettre.

ÉPICURE À HÉRODOTE, SALUT.

Beaucoup de personnes, cher Hérodote, ne peuvent ni approfondir tout ce que j’ai écrit sur la nature, ni étudier les plus considérables de mes ouvrages ; j’ai fait pour elles un abrégé de toute ma doctrine, afin qu’elles puissent aisément s’en graver les points fondamentaux dans la mémoire, et qu’en toutes circonstances elles aient à leur disposition les principes les plus incontestables lorsqu’elles voudront s’appliquer à l’étude de la nature. Quant à ceux qui déjà se sont avancés assez loin dans la contemplation de l’univers, il leur est également nécessaire d’avoir présent à la mémoire un tableau résumé de toute la doctrine ; car les notions d’ensemble nous sont plus indispensables que les connaissances particulières. On doit donc s’attacher de préférence aux premières et déposer dans sa mémoire des principes sur lesquels on puisse s’appuyer pour arriver à une perception exacte des choses et à des connaissances certaines sur les objets particuliers ; on a atteint ce but, lorsqu’on a embrassé les conceptions et pour ainsi dire les types les plus essentiels et qu’on se les est gravés dans l’esprit, — car cette connaissance claire et précise de l’ensemble des choses facilite nécessairement les perceptions particulières, — lorsqu’on a ramené ces conceptions à des éléments et à des termes simples ; en effet, une synthèse véritable, comprenant tout le cercle des phénomènes de l’univers, doit pouvoir résumer en elle-même et en peu de mots tous les faits particuliers précédemment étudiés. Cette méthode étant utile même à ceux

  1. C’est-à-dire sur le bien et le mal.