Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/593

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caractère après avoir été pendant quelque temps jugé tel, il n’en est pas moins vrai que pendant ce temps cela était vraiment juste, pour ceux du moins qui ne se laissent pas ébranler par de vains mots, mais veulent en toutes choses examiner et voir par eux-mêmes.

Lorsque, sans qu’il survienne aucune circonstance nouvelle, une chose qui avait été déclarée juste dans la pratique ne s’accorde pas avec les données de la raison, c’est une preuve que cette chose n’était pas juste. De même lorsque, par suite de nouvelles circonstances, une chose qui avait été déclarée juste ne paraît plus d’accord avec l’utilité, cette chose, juste tant qu’elle était utile au commerce et aux relations sociales, cesse de l’être du moment où elle n’est plus utile.

Celui qui veut vivre tranquille, sans avoir rien à craindre des autres hommes, doit autant que possible s’en faire des amis ; s’il ne le peut, qu’il évite du moins de les avoir pour ennemis ; si cela même n’est pas en son pouvoir, qu’il n’ait aucun rapport avec eux et exile tous ceux qu’il a intérêt à écarter.

L’homme le plus heureux est celui qui est parvenu à n’avoir rien à redouter de ceux qui l’entourent : ses relations avec ses semblables sont douces et agréables ; sa vie coule sans inquiétude ; il jouit des avantages de l’amitié dans toute leur plénitude, et ne se laisse pas aller à une stérile compassion sur la mort prématurée de ceux qui l’environnent.