Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/620

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pour lesquels je professe une estime et une admiration sincères ? Je ne puis que répéter ici ce que je t’ai toujours dit, de près ou de loin, depuis que tu es séparé de moi comme au temps où nous étions ensemble à Tyr : je n’accepte pas, à beaucoup près, toutes les opinions de Plotin ; mais j’aime et je prise au delà de toute expression sa manière et son style, la fécondité de sa pensée et l’ordre vraiment philosophique dans lequel il dispose les questions ; je crois que ses écrits doivent être placés au nombre des plus excellents par les amis de la vérité.

XIX.

Malgré la longueur de cette citation, j’ai cru utile de la donner en entier, afin de montrer quelle était relativement à Plotin l’opinion du critique le plus judicieux de notre siècle, d’un homme qui avait soumis à une sévère analyse les ouvrages de presque tous ses contemporains. Ce témoignage est d’autant plus précieux qu’au commencement Longin, égaré par des personnes qui elles-mêmes ne connaissaient pas Plotin, l’avait jugé fort sévèrement. Ce qu’il dit de l’incorrection des copies qu’il avait fait faire sur celles d’Amélius, tient à ce qu’il ignorait les habitudes de style de Plotin ; car les exemplaires d’Amélius étaient corrects entre tous, ayant été transcrits sur les manuscrits originaux.

Longin a consigné ses opinions sur Plotin, Amélius et les autres philosophes de son temps, dans un autre ouvrage, dont je crois nécessaire de citer ici un fragment, afin de faire connaître comment ils étaient appréciés par l’homme le plus instruit et le plus judicieuxde notre temps. Je veux parler du traité intitulé de la Fin, où sont discutées les opinions de Plotin et de Gentilianus Amélius. En voici le début :

L’époque actuelle a produit une foule de philosophes, cher Marcellus ; mais le nombre en fut grand, surtout dans ma