Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/627

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affranchi du corps il entra dans l’assemblée des bienheureux, là où règnent les désirs purs, l’amitié, la sagesse, l’amour chaste en communication avec Dieu. C’est là que sont établis ceux qu’on appelle les juges des âmes, les fils de Dieu, Minos, Rhadamante et Éaque, devant lesquels Plotin se présenta, non pour être jugé, mais pour s’entretenir avec eux dans la compagnie des autres héros, de Platon, de Pythagore, de tous ceux qui ont formé le chœur de l’amour immortel. C’est là enfin que naissent les génies bienheureux et qu’ils goûtent au milieu des fêtes et des plaisirs sans cesse renaissants un bonheur qui a sa source en Dieu même.

XXIII.

Telle est la vie de Plotin. Il me reste maintenant à remplir la tâche qu’il m’a confiée de corriger et de mettre en ordre ses ouvrages : je lui en ai fait la promesse de son vivant et j’en ai pris l’engagement avec nos autres amis. Et d’abord j’ai jugé à propos de ne point laisser ses écrits disposés au hasard, suivant l’ordre de leur production : j’ai suivi l’exemple d’Apollodore d’Athènes, qui a réuni en dix volumes les œuvres du comique Épicharme, et d’Andronicus le péripatéticien, qui a partagé les œuvres d’Aristote et de Théophraste en diverses séries, dans chacune desquelles il n’a compris que des ouvrages de même genre. J’ai donc divisé les cinquante-quatre traités de Plotin en six ennéades, et je m’estime heureux d’avoir rencontré deux nombres aussi parfaits que les nombres six et neuf. J’ai placé dans chaque ennéade les ouvrages qui offrent une sorte de parenté, en ayant toujours soin de commencer par les moins importants.