de voyage se mirent à invoquer les dieux. « Silence ! leur dit-il ; les dieux pourraient s’apercevoir que vous êtes ici. »
Un impie lui demandait ce que c’est que la piété ; il garda le silence. L’autre voulut en savoir la raison. « Je me tais, dit-il, parce que tu m’interroges sur des choses qui ne te regardent pas. »
On lui demandait un jour quelle est la chose la plus douce pour les hommes : « L’espérance, » dit-il.
Il répétait souvent qu’il est plus agréable d’être juge entre ses ennemis qu’entre ses amis ; car dans le premier cas on gagne un de ses ennemis ; dans le second on s’aliène certainement un ami.
On lui demandait à quoi l’homme prend le plus de plaisir : « Au gain, » répliqua-t-il.
Il disait encore qu’il faut envisager la vie comme si elle devait être tout à la fois longue et courte, et qu’on doit aimer comme si l’on devait haïr un jour, parce que la plupart des hommes sont pervers. On lui doit les préceptes suivants : « Ne vous hâtez pas d’entreprendre une affaire ; mais une fois décidé, persistez fortement dans votre résolution. — Ne vous pressez pas de parler ; c’est une preuve de sottise. — Soyez prudent. — Au sujet des dieux, contentez-vous de dire qu’ils existent. — Ne louez pas un homme pervers à cause de ses richesses. — Quand vous voudrez obtenir quelque chose, ayez plutôt recours à la persuasion qu’à la violence. — Tout ce que vous faites de bien, rapportez-le aux dieux. — Pendant que vous êtes jeune, faites-vous de la sagesse un viatique pour la vieillesse ; car c’est là le moins fragile de tous les biens. »
Nous avons déjà dit qu’Hipponax fait mention de Bias. Le morose Héraclite lui-même fait de lui ce pom-